Le 18 mai dernier, le maire de Langouët prit un arrêté interdisant l'utilisation de produits phytopharmaceutiques autour des bâtiments et habitations de sa commune. Ce 11 juin, la préfecture d'Ille-et-Vilaine annule cette décision municipale par "recours grâcieux".
Duel entre l'État et la collectivité. Les pesticides étaient dans le viseur de Daniel Cueff, maire de Langouët. Des habitants de la commune avaient fait analyser leurs urines par un laboratoire. Les résultats annonçaient des taux de glyphosate plusieurs dizaines de fois supérieurs à la limite de 0,1 ng/ml. Un enfant en affichait même 3,17 nanogrammes !
Suite à quoi, l'édile a décidé d'interdire l'utilisation de la substance décriée à moins de 150 mètres des habitations.
Illégalité retenue par la préfecture
Cependant, la partie n'est pas terminée. La préfecture d'Ille-et-Vilaine s'oppose à cet arrêté. Elle invoque le fait que l'édile outrepasse ses droits.Certes, le maire "détient le pouvoir de prévenir et de faire cesser « les pollutions de toute nature » et il dispose ainsi de la possibilité de prescrire des mesures de salubrité publique" mais "l'utilisation des produits phytopharmaceutiques relève d'un pouvoir de police spéciale confié au ministre chargé de l'agriculture."
Selon la loi, cette décision ne peut être prise que par le ministre de l'Agriculture.
Soutenu par ses administrés
Michèle Kirry, préfète du département, a adressé le 27 mai une lettre à Daniel Cueff lui sommant de retirer cet arrêté dans les deux mois, sous peine de poursuivre l'affaire devant le tribunal administratif.Contacté par téléphone, le maire de Langouët assure qu'il va "écrire une lettre à la préfète sans tarder. Je ne veux pas attendre les deux mois avant de réagir." Daniel Cueff s'attendait à ce genre de réaction des services de l'État. "On a connu ça au moment du développement des OGM. À l'époque, en 2000, j'avais fait machine arrière et retiré mon arrêté interdisant leur culture."
L'édile est soutenu par les habitants de la commune, à quelques exceptions près. "Aujourd'hui, les gens sont très informés des dangers du glyphosate grâce à la presse." Ils le soutiennent dans sa démarche. Les agriculteurs bio sont enchantés de cet arrêté quand les conventionnels s'offusquent. Ces derniers "ne sont pas prêts techniquement à abandonner ce pesticide, et attendent que le syndicat les soutienne en faisant pression contre ma décision."
S'il s'oppose à la décision préfectorale, Daniel Cueff veut limiter les tensions dans ce bras de fer. Il estime que "c'est à la préfète de prendre la décision de poursuivre l'affaire devant les tribunaux."